Les bouquetins dans nos Alpes

Pratiquement la moitié de la population de bouquetins des Alpes se trouve en Suisse, principalement dans l’arc alpin. Seule une petite colonie isolée existe dans la chaîne du Jura au Creux du Van. 

Le bouquetin vit principalement sur les pentes rocheuses qui le protègent des dérangements, des prédateurs, des avalanches et du mauvais temps. Il passe l’hiver sur des parois abruptes et ensoleillées, orientées vers le sud, en évitant autant que possible les surfaces enneigées.

Sa longueur totale du museau à la racine de la queue est de 1,30 à 1,50 m. La hauteur au garrot est de 85 à 92cm pour le mâle et de 70 à 78 cm pour la femelle. Le poids d’un adulte (5e année) varie selon les saisons de 65 à 100 kg. En automne, à l’époque du rut, les mâles les plus lourds peuvent atteindre 120 kg alors que les femelles pèsent entre 40 et 50 kg seulement. Pendant l’hiver, ils peuvent perdre entre un tiers et la moitié de leur poids initial. Le poids du nouveau-né est de 2 à 3,5 kg et il peut atteindre 14 kg au début de l’hiver. Le mâle est appelé bouc, la femelle étagne, et le jeune cabri. Le nom d’ibex est souvent utilisé en français pour désigner le bouquetin.

Le squelette du bouquetin des Alpes est nettement plus fort que celui du chamois. Une ossature associée à une puissante musculature confère une grande souplesse ainsi qu’une formidable détente à l’animal lorsqu’il saute d’un rocher à l’autre ou se déplace sur un terrain difficile.

Le pelage des Bouquetins est d’un fauve clair avec la tête plus grise, le ventre est blanc alors que les flancs, le bas des pattes et la queue sont noirâtre. les cabris sont de couleur plus claire que les adultes. Leurs pattes ont un dessin noirâtre très net en dessous du genou et des talons. On retrouve d’ailleurs ces même marques plus prononcées chez les adultes. Le pelage d’été est plus clair que celui d’hiver, mais au cours des changements saisonniers la répartition du clair et du foncé reste constante. La femelle jeune ou adulte a toujours un pelage plus clair que celui de mâle et ceci en toute saison. Chez les sujets âgés, les poils gris ou blancs parsèment leur toison de couleur brun châtain ou gris roux.

Le chuintement est un son produit par le passage de l’air brusquement expulsé à travers les fosses nasales. Il est aigu et bref et se distingue de celui du chamois, plus sourd et plus prolongé et répété à quelques secondes d’intervalle.

Les sens, la vue du bouquetin est excellent, son ouïe est à la fois fine et sélective et perçoit les craquements imperceptibles de la masse de neige avant même qu’elle se détache. Sans doute est-il réceptif aux vibrations. Le véritable sens d’alerte vient entre autres de son odorat très subtil. Dans des conditions atmosphériques idéales, il peut flairer l’homme à des distances dépassant les 500 m.

D’une manière générale le bouc a une apparence plus trapue que l’étagne, et ses pattes sont courtes et solides. Son cou est large et ses yeux assez écartés. La femelle est plus petite et plus fine que le mâle, et sa tête ressemble à celle d’une chèvre. Ses cornes sont beaucoup plus courtes et minces, et elles ne possèdent pas de bourrelets comme celles du bouc. Les cornes des jeunes mâles (éterlous) sont souvent plus épaisses à la base que celles des femelles. Les oreilles du bouquetin sont petites et dressées. Leurs grands yeux sont d’un fauve doré avec une pupille fortement ovale, horizontale. Les mâles arborent une barbe courte bien distincte.

Les femelles donnent naissance à un cabri chaque année. Au contraire, pour une veille colonie établie dans un biotope aux ressources alimentaires limitées, la fécondité sera inférieure et les chèvres ne se reproduiront que tous les deux ou trois ans. La période de fécondation se situe entre le 1er décembre et la mi-janvier. Pendant le rut à mi-novembre les bouquetins choisissent les mêmes endroits exposés au sud et dégagés de neige. Cela peut être dans les vallons situés entre 2500 et 3000m. Durant les pariades, ils évitent le voisinage du chamois, trop turbulent à leur goût. Le plein rut, c’est-à-dire la période d’accouplement, se situe entre le premier décembre et la mi-janvier.

La gestation dure environ 165 à 170 jours. Trois semaines à un mois avant la parturition, la femelle se sépare de son jeune de l’année précédente et se retire dans un lieu tranquille et bien protégé des prédateurs où elle pourra mettre bas sans être dérangée. Les naissances ont lieu alors de la première quinzaine de juin, mais il n’est pas rare qu’elles se produisent durant la dernière semaine de mai ou beaucoup plus tard comme en juillet.

Les combats ritualisés des mâles ont lieu dès la mi-novembre. Leur but est de désigner le mâle dominant, celui qui va se reproduire. Le combat ne peut avoir lieu qu’en présence de mâles prétendants de même âge et de même force. En présence d’un seul mâle plus vieux et plus fort, les jeunes n’engagent pas de combat et s’éloignent. Cependant cela n’empêche pas les jeunes de même âge d’engager des combats entre eux, et il peut s’établir une hiérarchie au sein de ce groupe. Les affrontements sont directs, cornes contre cornes, sans rotation de la tête. Seule la face antérieure des cornes est utilisée et, en général, les rivaux évitent les attaques avec la pointe.

Le biotope du Bouquetin : Il est capable d’évoluer avec la même maîtrise sur toutes sortes de roches différentes : calcaire, schiste, granit, ardoise ou sable croulant de moraines glacières. L’animal excelle sur les parois abruptes, les falaises à-pic ainsi

Il recherche des biotopes dans lesquels il trouve des abris naturels tels que surplombs et grottes qu’il affectionne tout particulièrement, parce qu’elles lui offrent souvent des salines naturelles. Un relief simple ne lui convient pas, et c’est sans nécessité apparente qu’il recherche la difficulté où il est fort.

L’alimentation, en été le bouquetin se nourrit de plusieurs centaines d’espèces végétales différentes. De la plante il consomme tout ou presque : fleurs, feuilles, tiges et parfois même les racines qu’il déterre à l’aide de ses sabots antérieurs. La quantité de végétaux qu’il consomme journellement est énorme, cela représente des dizaines de kilos et il n’hésite pas à s’attaquer aux plantes les plus coriaces. Si pendant l’été la sécheresse a jauni le gazon, il monte plus haut dans la montagne en bordure des moraines ou sur les versants situés au nord où il trouve encore des végétaux verts.

En automne c’est surtout des graminées qu’il se nourrit. Pendant l’hiver il met à nu les gazons desséchés afin d’y consommer quelques fétuques. (Graminée forme un gazon compact jusqu’ à 3500 m) Ou alors ce sera les pousses et rameaux d’arbrisseaux. C’est seulement au printemps qu’il descend dans les vallées pour y consommer l’herbe nouvelle.

Il vit de préférence en groupes sociaux, les mâles se regroupent séparément, ainsi les chèvres accompagnées de leurs petits ou d’autres jeunes de l’année précédente passeraient plus de temps que les mâles à se nourrir au même endroit. Les mâles de leur côté se déplaceraient plus que leurs compagnes. Ainsi il n’y aurait pas de synchronisation des activités entre eux.

En été le bouquetin est moins exposé aux dangers qu’en toute autre saison. Sa progression vers les plus hauts pâturages se fait au gré de la croissance de nouvelle végétation. En temps normal, il rejoint en juillet ses quartiers estivaux qui se situent selon les régions entre 2300 et 3300m d’altitude. Il commence la journée avec un repas matinal de l’aube jusqu’à l’arrivée du soleil et, le soir du coucher du soleil jusqu’à la tombée de la nuit. Le jour, il peut avoir de très longues périodes de repos pouvant dépasser dix heures de suite.

En automne le bouquetin réduit ses activités. C’est surtout les changements brusques de température et les chutes de neige qui le forcent à descendre jusqu’ à la limite supérieure des forêts.

En octobre, vu que la température baisse, il pâture à n’importe quelle heure de la journée sauf à midi où il fait une pause, et il se remet à brouter tout l’après-midi. Il n’y plus le rythme estival, soit descendre le soir et monter tôt le matin et le plus souvent, il se couche à l’endroit même où il a pâturé.

C’est à la fin du mois d’octobre qu’ils se rendent graduellement dans leurs quartiers d’hiver. Durant les premiers jours de novembre, la vie du bouquetin connaît une plus grande animation. Les mâles très actifs se déplacent d’un endroit à un autre à la recherche de femelles en rut, et il y a de nombreux affrontements au cours desquels les grands mâles affirment leur suprématie.

En hiver : le mois de décembre est l’époque des accouplements qui ont lieu entre 2500 et 300’m d’altitude. Le rut bat son plein. L’hivernage peut impliquer quelquefois un changement de vallée. Il cherche systématiquement les endroits les moins enneigés et les moins exposés aux avalanches. Les mois les plus éprouvants sont janvier et février, les rigueurs climatiques occasionnent une sélection sans pitié et seuls les animaux les plus résistants et les mieux adaptés survivent.

Images de Stéphane, texte de ” Le Bouquetin Seigneur des cimes “